sábado, 1 de agosto de 2015

“Les fleurs du mal”, Je te donne ces vers afin que si mon nom..., de Charles Baudelaire

XXXV.

Je te donne ces vers afin que si mon nom
Aborde heureusement aux époques lointaines,
Et fait rêver un soir les cervelles humaines,
Vaisseau favorisé par un grand aquilon,

Ta mémoire, pareille aux fables incertaines,
Fatigue le lecteur ainsi qu'un tympanon,
Et par un fraternel et mystique chaînon
Reste comme pendue à mes rimes hautaines;

Être maudit à qui, de l'abîme profond
Jusqu'au plus haut du ciel, rien, hors moi, ne répond!
-Ô toi qui, comme une ombre à la trace éphémère,

Foules d'un pied léger et d'un regard serein
Les stupides mortels qui t'ont jugée amère,
Statue aux yeux de jais, grand ange au front d'airain!

Charles Baudelaire, Les fleurs du mal, 1837.
 

XXXV.

Estos versos te entrego por si acaso mi nombre
Alcanza por fortuna las épocas futuras,
Y hace soñar de noche a las mentes humanas,
Cual bajel empujado por un fuerte aquilón,

Tu gloria, semejante a fábulas inciertas,
Canse al lector igual que el eco de un tambor,
Y por un fraternal y místico eslabón
Quede como colgada de mis rimas altivas;

¡Maldito ser a quien, desde el profundo abismo
Hasta el cielo más alto, solo yo te responde!
-Oh tú que, como sombra de una efímera huella,

Pisas con pie ligero y mirada serena
Los cretinos mortales que te han juzgado amarga,
¡Estatua de ojos jade, ángel de piel broncínea!

Charles Baudelaire
(Versión de Pedro Casas Serra)

No hay comentarios:

Publicar un comentario