lunes, 24 de agosto de 2015

“Les fleurs du mal”, À UNE PASSANTE,

CXXVIII. À UNE PASSANTE

La rue assourdissante autour de moi hurlait,
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d'une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l'ourlet;

Agile et noble,avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.

Un éclair... puis la nuit!: -Fugitive beauté
Dont le regard m'a fait soudainement renaître,
No te verrai-je plus que dans l'éternité?

Ailleurs, bien loin d'ici! trop tard! jamais peut-être!
Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais!

Charles Baudelaire, Les fleurs du mal, 1837.


CXXVIII. A UNA TRANSEÚNTE

La calle atronadora aullaba en torno mío,
Alta, esbelta, enlutada, con dolor majestuoso,
Una mujer pasó, con fastuosa mano
Alzando y agitando festón y dobladillo;

Ágil y aristocrática,con su pierna de estatua.
Yo bebía, crispado como un extravagante,
En su mirada lívida, germen del huracán,
La dulzura que atrae y el placer que da muerte.

Un destello... ¡y la noche!: -Belleza fugitiva
Cuya mirada me ha hecho de golpe renacer,
¿No he de verte ya más, salvo en la eternidad?

¡En otra parte, lejos¡ !tal vez no sea jamás!
Pues no sé dónde huyes, ni sabes dónde voy,
!Tú a quien hubiese amado, tú que ya lo sabías!

Charles Baudelaire
(Versión de Pedro Casas Serra)

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