XCVI. LE VIN DU
SOLITAIRE
Le regard singulier
d'unne femme galante
Qui se glisse vers nous
comme le rayon blanc
Que la lune onduleuse
envoie au lac tremblant,
Quand elle y veut
baigner sa beauté nonchalante.
Le dernier sac d'écus dans les doigts d'un joueur;
Un baiser libertin de
la maigre Adeline;
Les sons d'une musique
énervante et câline,
Semblant au cri
lointain de l'humaine douleur,
Tout cela en vaut pas,
ô bouteille profonde,
Les baumes pénetrants
que ta panse féconde
Garde au coeur altéré
du poëte pieux;
Tu lui verses l'espoir,
la jeunesse et la vie,
-Et l'orgueil, ce
trésor de toute gueuserie,
Qui nous rend
triomphants et semblables aux Dieux!
Charles Baudelaire, Les fleurs du mal, 1837.
XCVI. EL VINO DEL
SOLITARIO
La singular mirada de
una mujer galante
Que desciende a
nosotros como la blanca luz
Que la luna ondulada
manda al lago que tiembla,
Cuando quiere bañar su
belleza indolente.
Las últimas monedas
que tiene un jugador;
Un beso libertino de la
flaca Adelina;
Los sones de una música
enervante y mimosa,
Como el lejano grito
del humano sufrir,
Todo ello no vale, oh
botella profunda,
El penetrante bálsamo
que tu fecundo vientre
Reserva al corazón del
poeta piadoso;
Tú le viertes la vida,
juventud y esperanza,
-¡Y el orgullo, tesoro
de todo pordiosero,
Que nos vuelve
triunfantes y a dioses parecidos!
Charles Baudelaire
(Versión de Pedro Casas Serra)
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