LVI. LES CHATS
Les amoureux fervents
et les savants austères
Aiment également, dans
leur mûre saison,
Les chats puissants et
doux, orgueil de la maison,
Qui comme eux sont
frileux et comme eux sédentaires.
Amis de la science et
de la volupté,
Ils cherchent le
silence et l'horreur des ténèbres;
L'Erèbe les eût pris
pour ses courriers funèbres,
S'ils pouvaient au
servage incliner leur fierté.
Ils prennent en
songeant les nobles attitudes
Des grands sphinx
allongés au fond des solitudes,
Qui semblent s'endormir
dans un rêve sans fin;
Lours reins féconds
sont pleins d'étincelles magiques,
Et de parcelles d'or,
ainsi qu'un sable fin,
Étoilent vaguement
leurs prunelles mystiques.
Charles Baudelaire, Les fleurs du mal, 1837.
LVI. LOS GATOS
Los amantes fervientes
y los austeros sabios
gustan por un igual, en
su estacion madura,
Gatos fuertes y dulces,
orgullo de la casa,
Frioleros como ellos y
como ellos estáticos.
Amigos de la ciencia y
la sensualidad,
Persiguen el silencio y
el horror de las sombras;
Erebo los cogiera para
correos fúnebres,
Si, pudieran al yugo
inclinar su altivez.
Toman al meditar las
actitudes nobles
De las grandes esfinges
en hondas soledades,
Que parecen dormir un
sueño sin final;
De sus fecundos lomos
surgen centellas mágicas,
Y partículas de oro,
como una arena fina,
Estrellan vagamente sus
místicas pupilas.
Charles Baudelaire
(Versión de Pedro Casas Serra)
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