XXXIII. LE CHAT
Viens, mon beau chat,
sur mon coeur amoureux;
Retiens les griffes de
ta patte,
Et laisse-moi plonger
dans tes beaux yeux,
Mêlés de métal et
d'agate.
Lorsque mes doigts
caressent à loisir
Ta tête et ton dos
élastique,
Et que ma main s'enivre
du plaisir
De palper ton corps
électrique,
Je vois ma femme en
esprit. Son regard,
Comme le tien, aimable
bête,
Profond et froid, coupe
et fend comme un dard,
Et, des pieds jusques à
la tête,
Un air subtil, un
dangereux parfum,
Nagent autour de son
corps brun.
Charles Baudelaire, Les fleurs du mal,1837.
XXXIII. EL GATO
Ven, bello gato, a mi
amoroso pecho;
Retén las uñas de tu
pata,
Deja que me sumerja en
tus hermosos ojos,
Mezcla de metal y de
ágata.
Cuando mis dedos palpan
con sosiego
Tu cabeza y tu lomo
elástico,
Y mi mano se embriaga
de placer
Al acariciar tu cuerpo
eléctrico,
Creo ver a mi mujer. Su
mirada,
Como la tuya, amable
bestia,
Profunda y fría, corta
y hiere cual dardo,
Y, de los pies a la
cabeza,
Un sutil aire, un
peligroso aroma,
Bogan en torno a su
cuerpo moreno.
Charles Baudelaire
(Versión de Pedro Casas Serra)
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