LXIX.
La servante au grand
coeur dont vous étiez jalouse,
Et qui dort son sommeil
sous une humble pelouse,
Nous devrions pourtant
lui porter quelques fleurs.
Les morts, les pauvres
morts, ont de grandes douleurs,
Et quand octobre
souffle, émondeur des vieux arbres,
Son vent mélancolique
à l'entour de leurs marbres,
Certe, ils doivent
trouver les vivants bien ingrats,
A dormir, comme ils
font, chaudement dans leurs draps,
Tandis que, dévorées
de noires songeries,
San compagnon de lit,
sans bonnes causeries,
Vieux squelettes gelés
travaillés par le ver,
Ils sentent s'égouter
les neiges de l'hiver
Et le siècle couler,
sans qu'amis ni famille
Remplacent les lambeaux
qui pendent à leur grille.
Lorsque la bûche
siffle et chante, si le soir,
Calme, dans le fauteuil
je la voyais s'asseoir,
Si, par une nuit bleue
et froide de décembre,
Je la trouvais tapie en
un coin de ma chambre,
Grave, et venant du
fond de son lit éternel
Couver l'enfant grandi
de son oeil maternel,
Que pourrais-je
répondre à cette âme pieuse,
Voyant tomber des
pleurs de sa paupière creuse?
Charles Baudelaire, Les fleurs du mal, 1837.
LXIX.
A la buena sirvienta de
quien sentíais celos,
Y que duerme su sueño
bajo la humilde hierba,
Pese a todo, debiéramos
llevarle algunas flores.
Los muertos, pobres
muertos, sienten grandes pesares,
Y cuando lanza octubre,
tundidor de los árboles,
Su viento melancólico
en torno de sus mármoles,
A los vivos, sin duda,
encuentran muy ingratos,
por dormir, como hacen,
al calor de las mantas,
Mientras que, devorados
por negros pensamientos,
Sin vecino de lecho,
sin agradables charlas,
Esqueletos helados que
comen los gusanos,
Notan como gotea la
nieve en el invierno
Y como fluye el tiempo,
sin familia ni amigos
Que reemplacen los
trozos que cuelgan de sus rejas.
Cuando silva y crepita
el leño, si una noche,
tranquila, en el sillón
la viera acomodarse,
Si, en una noche azul y
fría de diciembre,
La hallara agazapada en
un rincón del cuarto,
Seria, y recién
llegada desde su eterno lecho
Para mimar al niño con
maternal mirada,
¿Que le respondería,
a esa alma piadosa,
Viendo caer las
lágrimas de sus vacías órbitas?
Charles Baudelaire
(Versión de Pedro Casas Serra)
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