jueves, 27 de agosto de 2015

“Les fleurs du mal”, LA RANÇON, de Charles Baudelaire

CXLIV. LA RANÇON

L'homme a, pour payer sa rançon,
Deux champs au tuf profond et riche,
Qu'il faut qu'il remue et défriche
Avec le fer de la raison;

Pour obtenir la moindre rose,
Pour extorquer quelques épis,
Des pleurs salés de son front gris
Sans cesse il faut qu'il les arrose.

L'un est l'Art, et l'autre l'Amour.
-Pou rendre le juge propice,
Lorsque de la stricte justice
Paraîtra le terrible jour,

Il faudra lui montrer des granges
Pleines de moissons, et des fleurs
Dont les formes et les coulers
Gagnent le souffrage des Anges.

Charles Baudelaire, Les freurs du mal, 1837.


CXLIV. EL RESCATE

El hombre tiene, para pagar su rescate,
Dos campos ricos en toba,
Que ha de remover y desbrozar
Con el arado de la razón;

Para obtener la menor rosa,
Para lograr arrancar alguna espiga,
Ha de regarlos sin cesar
Con el llanto salado de su frente gris.

Uno es el Arte, y el otro es el Amor.
-Para volver al juez propicio,
Cuando llegue el día terrible
De la estricta justicia,

Tendrá que mostrarle graneros
Llenos de cosecha, y flores
Cuyas formas y colores
Se ganen el voto de los Ángeles.

Charles Baudelaire
(versión de Pedro Casas Serr)

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