lunes, 31 de agosto de 2015

La campana de Santa María

LA CAMPANA DE SANTA MARÍA


Suena la campana de Santa María

y suena cascada. Por el monumento

a los que cayeron en mil setecientos

se pasea un gato. Sentado en un banco

bajo dos moreras, el juego contemplo

de luces y sombras que el sol va formando

sobre sus cimientos. Pasan transeúntes,

más no pasa el tiempo, si no fuera porque

y siempre cascada, suena la campana…


Pedro Casas Serra (08-10-1992,01)

domingo, 30 de agosto de 2015

“Les fleurs du mal”, RECUEILLEMENT, de Charles Baudelaire

CLIX. RECUEILLEMENT

Sois sage, ô ma Douler, et tiens-toi plus tranquille,
Tu réclamais le Soir; il descend; le voici:
Une atmosphère obscure enveloppe la ville,
Aux uns portant la paix, aux autres le souci.

Pendant que des mortels la multitude vile,
Sous le fouet de Plaisir, ce bourreau sans merci,
Va cueillir des remords dans la fête servile,
Ma Douleur, donne-moi la main; viens par ici,

Loin d'eux. Vois se pencher les défuntes Années,
Sur les balcons du ciel, en robes surannées;
Surgir du fond des eaux le Regret souriant;

Le Soleil moribond s'endormir sous une arche,
Et comme un long linceul traînant à l'Orient,
Entends, ma chère,entends la douce Nuit qui marche.

Charles Baudelaire, Les fleurs du mal, 1837


CLIX. RECOGIMIENTO

Sé cauta, Pena mía, y mantente tranquila,
Reclamabas la Noche; ya llega; hela aquí:
Envuelve a la ciudad una atmósfera oscura,
Llevando a unos la paz, a otros la inquietud.

Mientras la multitud soez de los mortales,
Del Placer bajo el látigo, verdugo despiadado,
Cosecha desconsuelo en la fiesta servil,
Acercame tu mano; Pena, ven por aquí,

Lejos de ellos. Veo inclinarse los Años,
Con ropas anticuadas, sobre el balcón del cielo;
Surgir de aguas profundas la sonriente Nostalgia;

El moribundo Sol dormirse bajo un arco,
Y cual largo sudario que se arrastra hacia Oriente,
Oye, querida, oye cómo avanza la Noche.

Charles Baudelaire
(Versión de Pedro Casas Serra)

sábado, 29 de agosto de 2015

“Les fleurs du mal”, LA LUNE OFFENSÉE, de Charles Baudelaire

CLVIII. LA LUNE OFFENSÉE

Ô Lune qu'adoraient discrètement nos pères,
Du haut des pays bleus où radieux sérail,
Les astres vont te suivre en pimpant attirail,
Ma vieille Cynthia, lampe de nos repaires,

Vois-tu les amoreux sur leurs grabats prospères,
De leur bouche en dormant montrer le frais émail?
Le poëte buter du front sur son travail?
Ou sous les gazons secs s'accoupler les vipères?

Sous ton domino jaune, et d'un pied clandestin,
Vas-tu, comme jadis, du soir jusqu'au matin,
Baiser d'Endymion les grâces surannées?

“-Je vois ta mère, enfant de ce siècle appauvri,
Qui vers son miroir penche un lourd amas d'années,
Et plâtre artistement le sein qui t'a nourri!”

Charles Baudelaire, Les fleurs du mal, 1837.


CLVIII. LA LUNA OFENDIDA

¡Oh Luna que adoraban con tino nuestros padres,
Desde lo alto del cielo donde, feliz serrallo,
Te acompañan los astros en brillante cortejo,
Mi anciana Cíntia, luz de nuestras madrigueras!,

¿Ves los enamorados en sus lechos triunfales,
Mostrar el fresco esmalte de sus bocas durmiendo?
¿Al poeta apoyar la frente en su trabajo?
¿O bajo hierba seca acoplarse las víboras?

¿Vas tú, como otro tiempo, desde la tarde al día,
Bajo tu dominó, y con pie clandestino,
A besar los encantos caducos de Endimión?

“-¡Veo a tu madre, niño de este siglo arruinado,
Que ante el espejo esconde un gran montón de años,
Y que enluce con arte el seno que has mamado!”

Charles Baudelaire
(Versión de Pedro Casas Serra)

viernes, 28 de agosto de 2015

“Les fleurs du mal”, LE COUVERCLE, de Charles Baudelaire

CL. LE COUVERCLE

En quelque lieu qu'il aille, ou sur mer ou sur terre,
Sous un climat de flamme ou sous un soleil blanc,
Serviteur de Jésus, courtisant de Cythère,
Mendiant ténébreux ou Crésus rutilant,

Citadin, campagnard, vagabond, sédentaire,
Que son petit cerveau soit actif ou soit lent,
Partout l'homme subit la terreur du mystère,
Et en regarde en haut qu'avec un oeil tremblant.

En haut, le Ciel! Ce mur de caveau qui l'étouffe,
Plafond illuminé par un opéra bouffe
Où chaque histrion foule un sol ensanglanté;

Terreur du libertin, espoir du fol ermite;
Le Ciel! Couvercle noir de la grande marmite
Où bout l'imperceptible et vaste humanité.

Charles Baudelaire, Les fleurs du mal, 1837.


CL. LA TAPADERA

Donde quiera que vaya, sobre el mar o la tierra,
Bajo un ardiente clima o bajo un sol helado,
Servidor de Jésus, áulico de Citera,
Mendigo tenebroso o Creso rutilante,

Rústico, ciudadano, errante, sedentario,
Ya sea activo o lento su pequeño cerebro,
El hombre sufre siempre el terror del misterio,
Y mira hacia lo alto con ojos temblorosos.

¡A lo alto, al Cielo! Panteón que lo asfixia,
Iluminado techo para una ópera bufa
Donde cada histrión pisa un suelo sangriento;

Terror de libertino, ilusión de eremita;
¡El Cielo! Tapadera negra de la gran olla
Donde hierve la vasta y oculta humanidad.

Charles Baudelaire
(versión de Pedro Casas Serra)

jueves, 27 de agosto de 2015

“Les fleurs du mal”, LA RANÇON, de Charles Baudelaire

CXLIV. LA RANÇON

L'homme a, pour payer sa rançon,
Deux champs au tuf profond et riche,
Qu'il faut qu'il remue et défriche
Avec le fer de la raison;

Pour obtenir la moindre rose,
Pour extorquer quelques épis,
Des pleurs salés de son front gris
Sans cesse il faut qu'il les arrose.

L'un est l'Art, et l'autre l'Amour.
-Pou rendre le juge propice,
Lorsque de la stricte justice
Paraîtra le terrible jour,

Il faudra lui montrer des granges
Pleines de moissons, et des fleurs
Dont les formes et les coulers
Gagnent le souffrage des Anges.

Charles Baudelaire, Les freurs du mal, 1837.


CXLIV. EL RESCATE

El hombre tiene, para pagar su rescate,
Dos campos ricos en toba,
Que ha de remover y desbrozar
Con el arado de la razón;

Para obtener la menor rosa,
Para lograr arrancar alguna espiga,
Ha de regarlos sin cesar
Con el llanto salado de su frente gris.

Uno es el Arte, y el otro es el Amor.
-Para volver al juez propicio,
Cuando llegue el día terrible
De la estricta justicia,

Tendrá que mostrarle graneros
Llenos de cosecha, y flores
Cuyas formas y colores
Se ganen el voto de los Ángeles.

Charles Baudelaire
(versión de Pedro Casas Serr)

miércoles, 26 de agosto de 2015

“Les fleurs du mal”, HYMNE, de Charles Baudelaire

CXXXVI. HYMNE

À la très-chère, à la très-belle
Qui remplit mon coeur de clarté,
A l'ange, à l'idole immortelle,
Salut en l'immortalité!

Elle se répand dans ma vie
Comme un air impregné de sel,
Et dans mon âme inassouvie
Verse le goût de l'éternel.

Sachet toujours frais qui parfume
L'atmosphère d'un cher réduit,
Encensoir oublié qui fume
En secret à travers la nuit,

Comment, amour incorruptible,
T'exprimer avec verité?
Grain de musc qui gis, invisible,
Au fond de mon éternité!

A la très-bonne, à la très-belle,
Qui fait ma joie et ma santé,
A l'ange, à l'idole immortelle,
Salut en l'immortalité!

Charles Baudelaire, Les fleurs du mal,1837.


CXXXVI. HIMNO

A la muy querida, a la muy bella
Que llena mi corazón de claridad,
Al ángel, al ídolo inmortal,
¡Salud en la inmortalidad!

Ella penetra en mi vida
Como un aire impregnado de sal,
Y en mi alma insatisfecha
Vierte anhelos de eternidad.

Saquito siempre fresco que perfuma
La atmósfera de un querido rincón,
Incensario olvidado que humea
En secreto a través de la noche,

¿Cómo, amor incorruptible,
Expresarte de verdad?
¡Grano de almizcle que yace, invisible,
En el fondo de mi eternidad!

A la muy buena, a la muy bella,
Que constituye mi alegría y mi salud,
¡Al ángel, al ídolo inmortal,
Salud en la inmortalidad!

Charles Baudelaire
(versión de Pedro Casas Serra)

martes, 25 de agosto de 2015

“Les fleurs du mal”, LES YEUX DE BERTHE, de Charles Baudelaire

CXXXV. LES YEUX DE BERTHE

Vous pouvez mépriser les yeux les plus célèbres,
Beaux yeux de mon enfant, par où filtre et s'enfuit
Je en sais quoi de bon, de doux comme la Nuit!
Beaux yeau, versez sur moi vos charmantes ténèbres!

Grands yeux de mon enfant, arcanes adorés,
Vous ressemblez beaucoup à ces grottes magiques
Où, derrière l'amas des ombres léthargiques,
Scintillent vaguement des trésors ignorés!

Mon enfant a des yeux obscurs, profonds et vastes,
Comme toi, Nuit immense, éclairés comme toi!
Leurs feux sont ces pensers d'Amour, mêles de Foi,
Qui pétillent au fond, voluptueux ou chastes.

Charles Baudelaire, Les fleurs du mal, 1837.


CXXXV. LOS OJOS DE BERTA

¡Podéis menospreciar los ojos más famosos,
Los ojos de mi niña, por donde filtra y fluye
un no sé qué de bueno, dulce como la Noche!
¡Sumidme, bellos ojos, en gozosas tinieblas!

¡De mi niña, ojos grandes, arcanos adorados,
Mucho os asemejáis a aquellas grutas mágicas
Donde, tras el acervo de las sombras letárgicas,
Titilan vagamente tesoros ignorados!

¡Mi niña tiene ojos negros, hondos y vastos,
Como tú, Noche inmensa, con idéntica luz!
Sus llamas son ideas de Amor, también de Fe,
Que chispean en lo hondo, voluptuosas o castas.

Charles Baudelaire
(versión de Pedro Casas Serra)

lunes, 24 de agosto de 2015

“Les fleurs du mal”, À UNE PASSANTE,

CXXVIII. À UNE PASSANTE

La rue assourdissante autour de moi hurlait,
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d'une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l'ourlet;

Agile et noble,avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.

Un éclair... puis la nuit!: -Fugitive beauté
Dont le regard m'a fait soudainement renaître,
No te verrai-je plus que dans l'éternité?

Ailleurs, bien loin d'ici! trop tard! jamais peut-être!
Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais!

Charles Baudelaire, Les fleurs du mal, 1837.


CXXVIII. A UNA TRANSEÚNTE

La calle atronadora aullaba en torno mío,
Alta, esbelta, enlutada, con dolor majestuoso,
Una mujer pasó, con fastuosa mano
Alzando y agitando festón y dobladillo;

Ágil y aristocrática,con su pierna de estatua.
Yo bebía, crispado como un extravagante,
En su mirada lívida, germen del huracán,
La dulzura que atrae y el placer que da muerte.

Un destello... ¡y la noche!: -Belleza fugitiva
Cuya mirada me ha hecho de golpe renacer,
¿No he de verte ya más, salvo en la eternidad?

¡En otra parte, lejos¡ !tal vez no sea jamás!
Pues no sé dónde huyes, ni sabes dónde voy,
!Tú a quien hubiese amado, tú que ya lo sabías!

Charles Baudelaire
(Versión de Pedro Casas Serra)

domingo, 23 de agosto de 2015

“Les fleurs du mal”, SEMPER EADEM, de Charles Baudelaire

CXI. SEMPER EADEM

“D'où vous vient, disiez-vous, cette tristesse étrange,
Montant comme la mer sur le roc noir et nu?”
-Quand notre coeur a fait une fois sa vendange,
Vivre est un mal. C'est un secret de tous connu,

Une douleur très-simple et non mystérieuse,
Et, comme votre joie, éclatante pour tous.
Cessez donc de chercher, ô belle curieuse!
Et, bien que votre voix soit douce, taisez-vous!

Taisez-vous, ignorante! âme toujours ravie!
Bouche au rire enfantin! Plus encor que la Vie,
La Mort nous tient souvent par des liens subtils.

Laissez, laissez mon coeur s'enivrer d'un mensonge,
Plonger dans vos beaux yeux comme dans un beau songe,
Et sommeiller longtemps à l'ombre de vos cils!

Charles Baudelaire, Les fleurs du mal, 1837.
 

CXI. SEMPER EADEM

Decís: “¿De dónde os viene esta extraña tristeza,
que cual oleaje rompe sobre las negras rocas?”
-Cuando ya el corazón ha hecho su vendimia,
Vivir es doloroso. Es secreto sabido,

Un dolor muy sencillo y nada misterioso,
Y, como vuestra dicha, para todos radiante.
Dejad de preguntar, ¡oh bella entrometida!
Y, ¡callad!, aunque sea tan dulce vuestra voz.

¡Callaos, ignorante! ¡Alma siempre encantada!
¡Boca de infantil risa! La Muerte nos sujeta,
Más aún que la vida, con vínculos sutiles.

¡Dejad mi corazón embriagar de mentira,
Hundirse en vuestros ojos como en un bello sueño,
Y dormir para siempre bajo vuestras pestañas!

Charles Baudelaire
(Versión de Pedro Casas Serra)

sábado, 22 de agosto de 2015

“Les fleurs du mal”, L'ALBATROS, de Charles Baudelaire

CIV. L'ALBATROS

Souvent, pour s'amuser, les hommes d'equipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolent companyons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.

A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanchez
Comme des avirons traîner à côté d'eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule!
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid!
L'un agace son bec avec un brûle-guele,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait!

Le Poëte est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempéte et se rit de l'archer;
Exilé sur le sol au mileu des huées,
Ses ailes de géant l'empechent de marcher.

Charles Baudelaire, Les fleurs du mal, 1837.


CIV. EL ALBATROS

Suelen los marineros, por divertirse un rato,
Dar caza a los albatros, grandes aves marinas,
Que siguen, indolentes compañeros de viaje,
A la nave que surca los abismos amargos.
Apenas los colocan encima de cubierta,
Estos reyes del cielo, torpes y avergonzados,
Penosamente dejan arrastrar junto a ellos,
Como remos de barca, sus grandes alas blancas.

Este alado viajero, ¡qué desmañado y débil!
Otrora tan hermoso, ¡qué feo y qué grotesco!
¡Quema al ave su pico uno con su cachimba,
Otro imita, renqueando, al cojo que volaba!

El Poeta es análogo al señor de las nubes
Que frecuenta tormentas y burla al ballestero;
Exiliado en la tierra, y en medio de abucheos,
Sus alas de gigante le impiden caminar.

Charles Baudelaire
(Versión de Pedro Casas Serra)

viernes, 21 de agosto de 2015

“Les fleurs du mal”, LA MORT DES ARTISTES, de Charles Baudelaire

C. LA MORT DES ARTISTES

Combien faut-il de fois secouer mes grelots
Et baiser ton front bas, morne caricature?
Pour piquer dans le but, de mystique nature,
Combien, ô mon carquois, perdre de javelots?

Nous userons notre âme en de subtils complots,
Et nous démolirons mainte lourde armature,
Avant de contempler la grande Créature
Dont l'infernal désir nous remplit de sanglots!

Il en est qui jamais n'ont connu leur Idole,
Et ces sculpteurs damnés et marqués d'un affront,
Qui vont se martelant la poitrine et le front,

N'ont qu'un espoir, étrange et sombre Capitole!
C'est que la Mort, planant comme un soleil nouveau,
Fera s'épanouir les fleurs de leur cerveau!

Charles Baudelaire, Les fleurs du mal, 1837.


C. LA MUERTE DE LOS ARTISTAS

¿Cuántas veces habré de agitar cascabeles
Y tu frente besar, triste caricatura?
Para dar en el blanco, de mística natura,
Mi carcaj, ¿cuántas flechas, tendrá que malograr?

Nuestra alma invertiremos en sutiles complots,
Y muchas armaduras torpes destruiremos,
¡Antes de contemplar a la gran Criatura
Cuyo infernal deseo nos llena de sollozos!

Existen quienes nunca conocieron a su Ídolo,
Y escultores malditos que el oprobio marcó,
Que se golpean con saña en la frente y el pecho,

Con solo una esperanza, ¡sombrío Capitolio!
¡Que la Muerte, cerniéndose como insólito sol,
Hará abrirse las flores que alojan en su mente!

Charles Baudelaire
(Versión de Pedro Casas Serra)

jueves, 20 de agosto de 2015

Les fleurs du mal”, LE VIN DES AMANTS, de Charles Baudelaire

XCVII. LE VIN DES AMANTS

Auhourd'hui l'espace est splendide!
Sans mors, sans éperons, sans bride,
Partons à cheval sur le vin
Pour un ciel féerique et divin!

Comme deux anges que torture
Une implacable calenture,
Dans le bleu cristal du matin
Suivons le mirage lointain!

Molement balancés sur l'aile
Du tourbillon intelligent,
Dans un délire parallèle,

Ma soeur, côte à côte nageant,
Nous fuirons sans repos ni trêves
Vers le paradis de mes rêves!

Charles Baudelaire, Les fleurs du mal, 1837


XCVII. EL VINO DE LOS AMANTES

¡Hoy el espacio está espléndido!
¡Sin freno, sin espuelas y sin brida,
Partamos a caballo sobre el vino
Hacia un cielo mágico y divino!

¡Como dos ángeles a quienes tortura
Una implacable calentura,
En el cristal azul de la mañana
Persigamos el espejismo lejano!

¡En un delirio paralelo,
Blandamente mecidos en las alas
De un torbellino inteligente,

Hermana, nadando juntos,
Huiremos sin tregua ni reposo
Al paraíso de mis sueños!

Charles Baudelaire
(Versión de Pedro Casas Serra)

miércoles, 19 de agosto de 2015

“Les fleurs du mal”, LE VIN DU SOLITAIRE, de Charles Baudelaire

XCVI. LE VIN DU SOLITAIRE

Le regard singulier d'unne femme galante
Qui se glisse vers nous comme le rayon blanc
Que la lune onduleuse envoie au lac tremblant,
Quand elle y veut baigner sa beauté nonchalante.

Le dernier sac d'écus dans les doigts d'un joueur;
Un baiser libertin de la maigre Adeline;
Les sons d'une musique énervante et câline,
Semblant au cri lointain de l'humaine douleur,

Tout cela en vaut pas, ô bouteille profonde,
Les baumes pénetrants que ta panse féconde
Garde au coeur altéré du poëte pieux;

Tu lui verses l'espoir, la jeunesse et la vie,
-Et l'orgueil, ce trésor de toute gueuserie,
Qui nous rend triomphants et semblables aux Dieux!

Charles Baudelaire, Les fleurs du mal, 1837.


XCVI. EL VINO DEL SOLITARIO

La singular mirada de una mujer galante
Que desciende a nosotros como la blanca luz
Que la luna ondulada manda al lago que tiembla,
Cuando quiere bañar su belleza indolente.

Las últimas monedas que tiene un jugador;
Un beso libertino de la flaca Adelina;
Los sones de una música enervante y mimosa,
Como el lejano grito del humano sufrir,

Todo ello no vale, oh botella profunda,
El penetrante bálsamo que tu fecundo vientre
Reserva al corazón del poeta piadoso;

Tú le viertes la vida, juventud y esperanza,
-¡Y el orgullo, tesoro de todo pordiosero,
Que nos vuelve triunfantes y a dioses parecidos!

Charles Baudelaire
(Versión de Pedro Casas Serra)

martes, 18 de agosto de 2015

“Les fleurs du mal”, LES LITANIES DE SATAN, de Charles Baudelaire

XCII. LES LITANIES DE SATAN

Ô toi, le plus savant et le plus beau des Anges,
Dieu trahi par le sort et privé de louanges,

Ô Satan, prends pitié de ma longue misère!

Ô Prince de l'exil, à qui l'on a fait tort,
Et qui, vaincu, toujours te redresses plus fort,

Ô Satan, pren pitié de ma longue misère!

Toi qui sais tout, gran roi des choses souterraines,
Guérisseur familier des angoisses humanines,

Ô Satan, prends pitié de ma longue misère!

Toi qui, même aux lépreux, aux parias maudits,
Enseignes par l'amour le goùt du Paradis,

Ô Satan, prends pitié de ma longue misère!

Ô toi qui de la Mort, la vielle et forte amante,
Engendras l'Espérance, -une folle charmante!

Ô Satan, prends pitié de ma longue misère!

Toi qui fais au proscrit ce regard calme et haut
Qui damne tout un peuple autour d'un échafaud,

Ô Satan, prends pitié de ma longue misère!

Toi qui sais en quels coins des terres envieuses
Le Dieu jaloux cacha les pierres précieuses,

Ô Satan, prends pitié de ma longue misère!

Toi dont l'oeil clair connait les profonds arsenaux
Où dort enseveli le peuple des métaux,

Ô Satan, prends pitié de ma longue misère!

Toi dont la large main cache les précipices
Au somnambule errant au bord des édifices,

Ô Satan, prends pitié de ma longue misère!

Toi qui, magiquement, assouplis les vieux os
De l'ivrogne attardé foulé par les chevaux,

Ô Satan, prends pitié de ma longue misère!

Toi qui, pour consoler l'homme frêle qui souffre,
Nous appris à mêler le salpêtre et le soufre,

Ô Satan, prends pitié de ma longue misère!

Toi que poses ta marque, ô complice subtil,
Sur le front du Crésus impitoyable et vil,

Ô Satan, prends pitié de ma longue misère!

Toi qui mets dans les yeux et dans le coeur des filles
Le culte de la plaie et l'amour des guenilles,

Ô Satan, prends pitié de ma longue misère!

Bâton des exilés, lampe des inventeurs,
Confesseur des pendus et des conspirateurs,

Ô Satan, prends pitié de ma longue misère!

Père adoptif de ceux qu'en sa noire colère
Du paradis terrestre a chassés Dieu le Père,

Ô Satan, prends pitié de ma longue misère!

PRIÈRE

Gloire et louange à toi, Satan, dans les hauteurs
Du Ciel, où tu régnas, et dans les profondeurs
De l'Enfer, où, vaincu, tu rêves en silence!
Fais que mon âme un jour, sous l'Arbre de Science,
Près de toi se repose, à l'heure où sur ton front
Comme un Temple nouveau ses rameux s'épandront!

Charles Baudelaire, Les fleurs du mal, 1837.


XCII. LAS LETANÍAS DE SATÁN

¡Tú, que fuiste el más sabio y bello de los Ángeles,
Dios vedado de suerte y privado de elogios!,

¡Oh, Satán, ten piedad de mi larga miseria!

¡Príncipe del exilio, a quien se denigró,
Y que, vencido, siempre te enderezas más fuerte!,

¡Oh Satán, ten piedad de mi larga miseria!

¡Tú que todo lo sabes, rey de lo subterráneo,
Popular sanador de las penas humanas!,

¡Oh Satán, ten piedad de mi larga miseria!

¡Tú que, hasta a los leprosos, a los malditos parias,
Muestras por el amor lo que es el Paraíso!,

¡Oh Satán, ten piedad de mi larga miseria!

¡Oh tú que de la Muerte, tu vieja y fuerte amante,
Engendras la Esperanza, -chiflada fascinante!

¡Oh Satán, ten piedad de mi larga miseria!

¡Tú que das al proscrito un mirar alto y calmo
Que al gentío condena en torno del cadalso!,

¡Oh Satán, ten piedad de mi larga miseria!

¡Tú que sabes en que ángulo de tierras envidiosas
escondió Dios celoso las gemás más preciosas!,

¡Oh Satán, ten piedad de mi larga miseria!

¡Tú cuyos ojos saben en que hondos arsenales
Duerme el amortajado pueblo de los metales!,

¡Oh Satán, ten piedad de mi larga miseria!

¡Tú cuyo ancha mano esconde precipicios
Al sonámbulo que anda al borde de edificios!,

¡Oh Satán, ten piedad de mi larga miseria!

¡Tú que, mágicamente, ablandas viejos huesos
Del borracho noctámbulo que un caballo atropella!,

¡Oh Satán, ten piedad de mi larga miseria!

¡Tú que, por consolar al hombre que harto sufre,
Nos enseñas a unir salitre con azufre!,

¡Oh Satán, ten piedad de mi larga miseria!

¡Tú que pones tu marca, oh cómplice sutil,
En la frente de Creso inexorable y vil!,

¡Oh Satán, ten piedad de mi larga miseria!

¡Tú que en los corazones y ojos de las chicas
Pones culto a la llaga y amor a los andrajos!,

¡Oh Satán, ten piedad de mi larga miseria!

¡Apoyo de exiliados, lámpara de inventores,
Confesor de ahorcados y de conspiradores!,

¡Oh Satán, ten piedad de mi larga miseria!

¡Padre adoptivo de estos que en su funesta cólera
Del paraíso terrestre ha expulsado Dios Padre!,

¡Oh Satán, ten piedad de mi larga miseria!

ORACIÓN

¡Gloria y loor a ti, Satán, en las alturas
Del Cielo, en que reinaste, y en las profundidades
Del Orco, en que, vencido, tú sueñas en silencio!
¡Haz que un día mi alma repose junto a ti,
Cuando sobre tu frente, el Árbol de la Ciencia
Igual que un nuevo Templo su copa extenderá!

Charles Baudelaire
(Versión de Pedro Casas Serra)

lunes, 17 de agosto de 2015

“Les fleurs du mal”, LES MÉTAMORPHOSES DU VAMPIRE, de Charles Baudelaire

LXXXVII. LES MÉTAMORPHOSES DU VAMPIRE

La femme cependant, de sa bouche de fraise,
En se tordant ainsi qu'un serpent sur la braise,
Et pétrissant ses seins sur le fer de son busc,
Laissait couler ces mots tout imprégnés de musc:
-”Moi, j'ai la lèvre humide, et je sais la science
De perdre au fond d'un lit l'antique conscience.
Je sèche tous les pleurs sur mes seins triomphants,
Et fais rire les vieux du rire des enfants.
Je remplace, pour qui me voit nue et sans voiles,
La lune, le soleil, le ciel et les étoiles!
Je suis, mon cher savant, si docte aux voluptés,
Lorsque j'étouffe un homme en mes bras redoutés,
Ou lorsque j'abandonne aux morsures mon buste,
Timide et libertine, et fragile et robuste,
Que sur ces matelas qui se pâment d'émoi,
Les anges impuissants se damneraient pou moi!”

Quand elle eut de mes os sucé toute la moelle,
Et que languissamment je me tournai vers elle
Pour lui rendre un baiser d'amour, je en vis plus
Qu'une outre aux flancs gluants, toute pleine de pus!
Je fermai les deux yeux, dans ma froide épouvante,
Et quand je les rouvris à la clarté vivante,
A mes côtés, au lieu de mannequin puissant
Qui sambleit avoir fait provision de sang,
Tremblaient confusément des débris de squelette,
Qui d'eux-mêmes rendaient le cri d'une girouette
Ou d'une enseigne, au bout d'une tringle de fer,
Que balance le vent pendant les nuits d'hiver.

Charles Baudelaire, Les fleurs du mal,1837.


LXXXVII. LAS METAMORFOSIS DEL VAMPIRO

La mujer, mientras tanto, de su boca de fresa,
Retorciendose igual que serpiente en las brasas,
Y moldeando sus pechos los hierros del corsé,
Exhalaba palabras impregnadas de almizcle:
-”Tengo húmedos los labios, y conozco la ciencia
De perder en el fondo del lecho la conciencia.
Seco todos los llantos en mis pechos triunfantes,
Y hago reír a los viejos con risas infantiles.
¡Para quien me contempla desnuda y desvelada,
Reemplazo al sol, la luna, el cielo y las estrellas!
¡Soy, mi querido sabio, tan docta en los deleites,
Cuando sofoco a un hombre en mis temidos brazos,
O cuando a los mordiscos abandono mi busto,
Tímida y libertina, delicada y robusta,
Que sobre esos colchones que de emoción se arroban,
Impotentes los ángeles se perdieran por mí!”

Cuando hubo succionado de mis huesos la médula,
Y muy languidamente me volvía hacia ella
Para rendirle un beso de amor, ¡yo no vi más
Que un odre pegajoso, rebosante de pus!
En mi helado terror, los dos ojos cerré,
Y cuando los reabrí al vivo resplandor,
Junto a mí, en el lugar del maniquí potente
Que parecía haber hecho provisión de mi sangre,
En confusión temblaban pedazos de esqueleto,
De los cuales surgían chirridos de veleta
O de rótulo, al cabo de una percha de hierro,
Qué balancea el viento en las noches de invierno.

Charles Baudelaire
(Versión de Pedro Casas Serra)

domingo, 16 de agosto de 2015

“Les fleurs du mal”, LA FONTAINE DE SANG, de Charles Baudelaire

LXXXIV. LA FONTAINE DE SANG

Il me semble parfois que mon sang coule à flots,
Ainsi qu'une fontaine aux rhytmiques sanglots.
Je l'entends bien qui coule avec un long murmure,
Mais je me tâte en vain pour trouver la blessure

A travers la cité, comme dans un champ clos,
Il s'en va, transformant les pavés en îlots,
Désaltérant la soif de chaque cráture,
Et partout colorant en rouge la nature.

J'ai demandé souvent à des vins captieux
D'endormir pour en jour la terreur qui me mine;
La vin rend l'oeil plus clair et l'oreille plus fine!

J'ai cherché dans l'amour un sommeil oublieux;
Mais l'amour n'est pour moi qu'un matelas d'aiguilles
Fait pou donner à boire à ces cruelles filles!

Charles Baudelaire, Les fleurs du mal, 1837.


LXXXIV. LA FUENTE DE SANGRE

A veces me parece que mi sangre va a golpes,
Igual como una fuente de rítmicos sollozos.
La oigo como fluye con un largo susurro,
Pero me palpo en vano para encontrar la herida

A través la ciudad, cual en campo acotado,
Ella va, transformando las losas en isletas,
Aliviando la sed de cada criatura,
Y coloreando en rojo a la Naturaleza.

He pedido a menudo a vinos seductores
Acallar por un día el terror que me mina;
¡El vino aclara el ojo y hasta la oreja afina!

En el amor busqué un sueño olvidadizo;
¡Pero no es el amor sino colchón de agujas
Para dar a beber a esas crueles muchachas!

Charles Baudelaire
(Versión de Pedro Casas Serra)

sábado, 15 de agosto de 2015

“Les fleurs du mal”, LES DEUX BONNES SOEURS, de Charles Baudelaire

LXXXIII. LES DEUX BONNES SOEURS

La Débauche et la Mort son deux aimables filles,
Prodigues de baisers et riches de santé,
Dont le flanc toujours vierge et drapé de guenilles
Sous l'éternel labeur n'a jamais enfanté.

Au poëte sinistre, ennemi des familles,
Favori de l'enfer, courtisan mal renté,
Tombeaux et lupanars montrent sous leurs charmilles
Un lit que le remords n'a jamais fréquenté.

Et la bière et l'alcôve en blasphèmes fécondes
Nous offrent tour à tour, comme deux bonnes soeurs,
De terribles plaisirs et d'affreuses douceurs.

Quand veux-tu m'enterrer, Débauche aux bras immondes?
Ô Mort, quand viendras-tu, sa rivale en attraits,
Sur ses myrtes infects enter tes noirs cyprès?

Charles Baudelaire, Les fleurs du mal, 1837.


LXXXIII. LAS DOS BUENAS HERMANAS

Libertinaje y Muerte son dos buenas muchachas,
Prodigas de sus besos y ricas en salud,
Cuyas caderas vírgenes revestidas de harapos
Pese a la eterna siembra jamás han alumbrado.

Al poeta siniestro, opuesto a la familia,
Valido del infierno, cortesano sin renta,
Tumbas y lupanares muestran bajo sus sombras
Un lecho que jamás frecuentró la atrición.

Y el féretro y la alcoba con fecundas blasfemias
Nos ofrecen por turno, como buenas hermanas,
Placeres espantosos y horrorosas dulzuras.

¿Cuando me enterrarás, Libertinaje inmundo?
Muerte, ¿cuándo vendrás -rival en atractivos-,
A injertar tus cipreses en sus infectos mirtos?

Charles Baudelaire
(Versión de Pedro Casas Serra)

viernes, 14 de agosto de 2015

“Les fleurs du mal”, LA DESTRUCTION, de Charles Baudelaire

LXXVIII. LA DESTRUCTION

Sans cesse à mes côtés s'agite le Démon;
Il nage autour de moi comme un air impalpable;
Je l'avale et le sens qui brûle mon poumon
Et l'emplit d'un désir éternel et coupable.

Parfois il prend, sachant mon grand amour de l'Art,
La forme de la plus séduisante des femmes,
Et, sous de spécieux prétextes de cafard,
Accoutume ma lèvre à des philtres infâmes.

Il me conduit ainsi, loin du regard de Dieu,
Halelant et brisé de fatigue, au milieu
Des plaines de l'Ennui, profondes et desertes,

Et jette dans mes yeux pleins de confusion
Des vêtements souillés, des blessures ouvertes,
Et l'appareil sanglant de la Destruction!

Charles Baudelaire, Les fleurs du mal, 1837.


LXXVIII. LA DESTRUCCIÓN

El Demonio se agita a mi lado sin tregua;
Nada a mi alrededor como un aire impalpable;
Yo lo trago y descubro que quema mis pulmones
Que llena de un deseo infinito y culpable.

Toma a veces, sabiendo de mi amor por el Arte,
De la más seductora mujer el parecido,
Y, usando de engañosos pretextos de falsario,
Acostumbra mis labios a los filtros infames.

Lejos de la mirada de Dios, así me lleva,
Jadeante y deshecho por la fatiga, al centro
de planicies de Hastío, profundas y desiertas,

Y lanza ante mis ojos llenos de confusión
Vestiduras manchadas y entreabiertas heridas,
¡Y el sangriento aparato de la cruel Destrucción!

Charles Baudelaire
(Versión de Pedro Casas Serra)

jueves, 13 de agosto de 2015

“Les fleurs du mal”,TRISTESSES DE LA LUNE , de Charles Baudelaire

LXXV. TRISTESSES DE LA LUNE

Ce soir, la lune rêve avec plus de paresse;
Ainsi qu'une beauté, sur de nombreux coussins,
Qui d'une main distraite et légère caresse
Avant de s'endormir le contour de ses seins,

Sur le dos satiné des molles avalanches,
Mourante, elle se livre aux longues pâmoisons,
Et promène ses yeux sur les visions blanches
Qui montent dans l'azur comme des floraisons.

Quand parfois sur ce globe, en sa langueur oisive,
Elle laise filer une larme furtive,
Un poëte pieux, ennemi du sommeil,

Dans le creux de sa main prend cette larme pâle,
Aux reflets irisés comme un fragment d'opale,
Et la met dans son coeur loin des yeux du soleil.

Charles Baudelaire, Les fleurs du mal, 1837.


LXXV. TRISTEZAS DE LA LUNA

Esta noche, la luna sueña con más pereza;
Igual que una belleza, tumbada entre cojines,
Con mano distraída y ligera acaricia
El contorno de un seno a la hora de dormirse,

Y en dorso satinado de suaves avalanchas,
Desfalleciente, goza de éxtasis prolongados,
Y pasea sus ojos sobre blancas visiones
Que se alzan en lo azul como las floraciones.

A veces sobre el mundo, en languidez ociosa,
Ella deja caer su lágrima furtiva,
Y un poeta piadoso, insomne pertinaz,

En lo hondo de su mano toma esa clara lágrima,
Como un fragmento de ópalo de irisados reflejos,
Y la guarda en su pecho resguardada del sol.

Charles Baudelaire
(Versión de Pedro Casas Serra)

miércoles, 12 de agosto de 2015

“Les fleurs du mal”, LE MORT JOYEUX, de Charles Baudelaire

LXXIII. LE MORT JOYEUX

Dans une terre grasse et pleine d'escargots
Je veux creuser moi-même une fosse profonde,
Où je puisse à loisir étaler mes vieux os
Et dormir dans l'oubli comme un requin dans l'onde.

Je hais les testaments et je hais les tombeaux;
Plutôt que d'implorer une larme du monde,
Vivant, j'aimerais mieux inviter les corbeaux
À saigner tous les bouts de ma carcasse immonde.

Ô vers! Noirs compagnons sans oreille et sans yeux,
Voyez venir à vous un mort libre et joyeux;
Philosophes viveurs, fils de la pourriture,

À travers ma ruine allez donc sans remords,
Et dites-moi s'il est encor quelque torture
Pour ce vieux corps sans âme et mort parmi les morts!

Charles Baudelaire, Les fleurs du mal, 1837.
 

LXXIII. EL MUERTO FELIZ

En una tierra fértil, llena de caracoles,
Una fosa profunda quisiera yo cavar,
Donde extender a gusto mis pobres huesos viejos
Y en olvido dormir cual escualo en el mar.

Odio los testamentos al igual que las tumbas;
Y mejor que implorar una lágrima al mundo,
Preferería, vivo, invitar a los cuervos
A pelar los extremos de mi carcasa inmunda.

¡Gusanos! Compañeros sin ojos ni oídos,
Ved llegar a vosotros un libre y feliz muerto;
Filosofos vivientes, hijos de la carroña,

A través de mi ruina id sin remordimientos,
Y decidme si aún resta siquiera una tortura
¡Para un cuerpo sin alma y muerto entre los muertos!

Charles Baudelaire
(Versión de Pedro Casas Serra)

martes, 11 de agosto de 2015

“Les fleurs du mal”,La servante au grand coeur dont vous étiez jalouse..., de Charles Baudelaire

LXIX.

La servante au grand coeur dont vous étiez jalouse,
Et qui dort son sommeil sous une humble pelouse,
Nous devrions pourtant lui porter quelques fleurs.
Les morts, les pauvres morts, ont de grandes douleurs,
Et quand octobre souffle, émondeur des vieux arbres,
Son vent mélancolique à l'entour de leurs marbres,
Certe, ils doivent trouver les vivants bien ingrats,
A dormir, comme ils font, chaudement dans leurs draps,
Tandis que, dévorées de noires songeries,
San compagnon de lit, sans bonnes causeries,
Vieux squelettes gelés travaillés par le ver,
Ils sentent s'égouter les neiges de l'hiver
Et le siècle couler, sans qu'amis ni famille
Remplacent les lambeaux qui pendent à leur grille.

Lorsque la bûche siffle et chante, si le soir,
Calme, dans le fauteuil je la voyais s'asseoir,
Si, par une nuit bleue et froide de décembre,
Je la trouvais tapie en un coin de ma chambre,
Grave, et venant du fond de son lit éternel
Couver l'enfant grandi de son oeil maternel,
Que pourrais-je répondre à cette âme pieuse,
Voyant tomber des pleurs de sa paupière creuse?

Charles Baudelaire, Les fleurs du mal, 1837.


LXIX.

A la buena sirvienta de quien sentíais celos,
Y que duerme su sueño bajo la humilde hierba,
Pese a todo, debiéramos llevarle algunas flores.
Los muertos, pobres muertos, sienten grandes pesares,
Y cuando lanza octubre, tundidor de los árboles,
Su viento melancólico en torno de sus mármoles,
A los vivos, sin duda, encuentran muy ingratos,
por dormir, como hacen, al calor de las mantas,
Mientras que, devorados por negros pensamientos,
Sin vecino de lecho, sin agradables charlas,
Esqueletos helados que comen los gusanos,
Notan como gotea la nieve en el invierno
Y como fluye el tiempo, sin familia ni amigos
Que reemplacen los trozos que cuelgan de sus rejas.

Cuando silva y crepita el leño, si una noche,
tranquila, en el sillón la viera acomodarse,
Si, en una noche azul y fría de diciembre,
La hallara agazapada en un rincón del cuarto,
Seria, y recién llegada desde su eterno lecho
Para mimar al niño con maternal mirada,
¿Que le respondería, a esa alma piadosa,
Viendo caer las lágrimas de sus vacías órbitas?

Charles Baudelaire
(Versión de Pedro Casas Serra)