domingo, 23 de agosto de 2015

“Les fleurs du mal”, SEMPER EADEM, de Charles Baudelaire

CXI. SEMPER EADEM

“D'où vous vient, disiez-vous, cette tristesse étrange,
Montant comme la mer sur le roc noir et nu?”
-Quand notre coeur a fait une fois sa vendange,
Vivre est un mal. C'est un secret de tous connu,

Une douleur très-simple et non mystérieuse,
Et, comme votre joie, éclatante pour tous.
Cessez donc de chercher, ô belle curieuse!
Et, bien que votre voix soit douce, taisez-vous!

Taisez-vous, ignorante! âme toujours ravie!
Bouche au rire enfantin! Plus encor que la Vie,
La Mort nous tient souvent par des liens subtils.

Laissez, laissez mon coeur s'enivrer d'un mensonge,
Plonger dans vos beaux yeux comme dans un beau songe,
Et sommeiller longtemps à l'ombre de vos cils!

Charles Baudelaire, Les fleurs du mal, 1837.
 

CXI. SEMPER EADEM

Decís: “¿De dónde os viene esta extraña tristeza,
que cual oleaje rompe sobre las negras rocas?”
-Cuando ya el corazón ha hecho su vendimia,
Vivir es doloroso. Es secreto sabido,

Un dolor muy sencillo y nada misterioso,
Y, como vuestra dicha, para todos radiante.
Dejad de preguntar, ¡oh bella entrometida!
Y, ¡callad!, aunque sea tan dulce vuestra voz.

¡Callaos, ignorante! ¡Alma siempre encantada!
¡Boca de infantil risa! La Muerte nos sujeta,
Más aún que la vida, con vínculos sutiles.

¡Dejad mi corazón embriagar de mentira,
Hundirse en vuestros ojos como en un bello sueño,
Y dormir para siempre bajo vuestras pestañas!

Charles Baudelaire
(Versión de Pedro Casas Serra)

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