III.
ÉLÉVATION
Au-dessus
des étangs, au-dessus des vallées,
Des
montagnes, des bois, des nuages, des mers,
Par
delà le soleil, par-delà les éthers,
Par
delà les confins des sphères étoilées,
Mon
esprit, tu te meus avec agilité,
Et,
comme un bon nageur qui se pâme dans l'onde,
Tu
sillonnes gaiement l'immensité profonde
Avec
une indicible et mâle volupté.
Envole-toi
bien loin de ces miasmes morbides;
Va
te purifier dans l'air supérieur,
Et
bois, comme une pure et divine liqueur,
Le
feu clair qui remplit les espaces limpides.
Derrière
les ennuis et les vastes chagrins
Qui
chargent de leur poids l'existence brumeuse,
Hereux
celui qui peut d'une aile vigoureuse
S'élancer
vers les champs lumineux et sereins;
Celui
dont les pensers, comme des alouettes,
Vers
les cieux le matin prennent un libre essor,
-Qui
plane sur la vie, et comprend sans effort
Le
langage des fleurs et des choses muettes.
Charles Baudelaire (Les fleurs du mal, 1837)
III.
ELEVACIÓN
Por
encima de lagos, por encima de valles,
De
montañas, de bosques, de nubes y de mares,
Más
allá de este sol, más allá de los éteres,
Más
alla de confines de esferas estrelladas,
Te
desplazas, espíritu, con gran agilidad,
Y,
como nadador que se arroba en la ola,
Alegremente
surcas la inmensidad profunda
Con
un indescriptible y viril hedonismo.
Elévate
bien lejos de estos mórbidos miasmas;
Vete
a purificar al aire superior,
Y
bebe, como un puro y divino licor,
El
claro ardor que llena los límpidos espacios.
Detrás
de los hastíos y los vastos pesares
Que
cargan con su peso la existencia brumosa,
Feliz
aquel que puede con ala vigorosa
Lanzarse
hacia los campos luminosos y calmos;
Aquel
cuyas ideas, igual que las alondras,
De
mañana hacia el cielo toman un libre impulso,
-Que
planea la vida, y sabe sin esfuerzo
La
lengua de las flores y de las cosas mudas.
Charles Baudelaire
(Versión de Pedro Casas Serra)
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