sábado, 25 de julio de 2015

“Les fleurs du mal”, PARFUM EXOTIQUE, de Charles Baudelaire

XXI. PARFUM EXOTIQUE

Quand, les deux yeux fermés, en un soir chaud d'automne,
Je respire l'odeur de ton sein chalereux,
Je vois se dérouler des rivages heureux
Qu'éblouissent les feux d'un soleil monotone;

Une île paresseuse où la nature donne
Des arbres singuliers et des fruits savoureux;
Des hommes dont le corps est mince et vigoureux,
Et des femmes dont l'oeil par sa franchise étonne.

Guidé par ton odeur vers de charmants climats,
Je vois un port rempli de voiles et des mâts
Encor tout fatigués par la vague marine,

Pendant que le parfum des verts tamariniers,
Qui circule dans l'air et m'enfle la narine,
Se mêle dans mon âme au chant des mariniers.

Charles Baudelaire, Les fleurs du mal, 1837.


XXI. PERFUME EXÓTICO

En las noches de otoño, si con ojos cerrados,
Yo respiro el olor de tu cálido seno,
Veo delinearse felices litorales
Que deslumbran los fuegos de un monótono sol;

Una isla perezosa donde Naturaleza
Ofrece árboles raros y de sabrosos frutos;
Hombres que tienen cuerpos flacos y vigorosos,
Y mujeres de ojos cuya franqueza asombra.

Guiado por tu olor hacia hechiceros climas,
Veo un puerto colmado de velas y de mástiles
Todavía cansados del oleaje del mar,

Mientras que la fragancia de verdes tamarindos,
Que circula en el aire y mi nariz dilata,
En mi alma se mezcla a sones marineros.

Charles Baudelaire
(Versión de Pedro Casas Serra)

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