miércoles, 29 de julio de 2015

“Les fleurs du mal”, DE PROFUNDIS CLAMAVI, de Charles Baudelaire

XXVIII. DE PROFUNDIS CLAMAVI

J'implore ta pitié, Toi, l'unique que j'aime,
Du fond du gouffre obscur où mon coeur est tombé.
C'est un univers morne à l'horizon plombé,
Où nagent dans la nuit l'horreur et le blasphème;

Un soleil sans chaleur plane au-dessus six mois,
Et les six autres mois la nuit couvre la terre;
C'est un pays plus nu que la terre polaire;
-Ni bêtes, ni ruisseaux, ni verdorure, ni bois!

Or il n'est pas d'horreur au monde qui surpasse
La froide cruauté de ce soleil de glace
Et cette immense nuit semblable au vieux Chaos;

Je jalouse le sort des plus vils animaux
Qui peuvent se plonger dans un sommeil stupide,
Tant l'écheveau du temps lentement se dévide!

Charles Baudelaire, Les fleurs du mal, 1837.


XXVIII. DE PROFUNDIS CLAMAVI

Yo imploro tu piedad, Tú, mi único amor,
Desde el oscuro abismo en que se halla mi alma.
Es triste el universo de plomizo horizonte,
Donde en la noche nadan imprecación y horror;

Por encima, seis meses, planea un sol helado,
Y los otros seis meses cubre el mundo la noche;
Es un país más mísero que la tierra polar;
-¡Ni animales, ni arroyos, ni bosques, ni verdor!

No hay horror en el mundo que alcance a superar
La fría crueldad de este astro de hielo
Y esta noche infinita que se asemeja al Caos;

Yo envidio la fortuna de las bestias más viles
Que pueden sumergirse en cretino sopor,
¡Qué lenta se devana la madeja del tiempo!

Charles Baudelaire
(Versión de Pedro Casas Serra)

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