XXVIII. DE PROFUNDIS
CLAMAVI
J'implore ta pitié,
Toi, l'unique que j'aime,
Du fond du gouffre
obscur où mon coeur est tombé.
C'est un univers morne
à l'horizon plombé,
Un soleil sans chaleur
plane au-dessus six mois,
Et les six autres mois
la nuit couvre la terre;
C'est un pays plus nu
que la terre polaire;
-Ni bêtes, ni
ruisseaux, ni verdorure, ni bois!
Or il n'est pas
d'horreur au monde qui surpasse
La froide cruauté de
ce soleil de glace
Et cette immense nuit
semblable au vieux Chaos;
Je jalouse le sort des
plus vils animaux
Qui peuvent se plonger
dans un sommeil stupide,
Tant l'écheveau du
temps lentement se dévide!
Charles Baudelaire, Les fleurs du mal, 1837.
XXVIII. DE PROFUNDIS
CLAMAVI
Yo imploro tu piedad,
Tú, mi único amor,
Desde el oscuro abismo
en que se halla mi alma.
Es triste el universo
de plomizo horizonte,
Donde en la noche nadan
imprecación y horror;
Por encima, seis meses,
planea un sol helado,
Y los otros seis meses
cubre el mundo la noche;
Es un país más mísero
que la tierra polar;
-¡Ni animales, ni
arroyos, ni bosques, ni verdor!
No hay horror en el
mundo que alcance a superar
La fría crueldad de
este astro de hielo
Y esta noche infinita
que se asemeja al Caos;
Yo envidio la fortuna
de las bestias más viles
Que pueden sumergirse
en cretino sopor,
¡Qué lenta se devana
la madeja del tiempo!
Charles Baudelaire
(Versión de Pedro Casas Serra)
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