jueves, 23 de julio de 2015

“Les fleurs du mal”, LES BIJOUX, de Charles Baudelaire

XX. LES BIJOUX

La très-chère était nue, et, connaissant mon coeur,
Elle n’avait gardé que ses bijoux sonores,
Dont le riche attirail lui donnait l’air vainqueur
Qu’ont dans leurs jours heureux les esclaves des Mores.

Quand il jette en dansant son bruit vif et moqueur,
Ce monde rayonnant de métal et de pierre
Me ravit en extase, et j’aime à la fureur
Les choses où le son se mêle à la lumière.

Elle était donc couchée et se laissait aimer,
Et du haut du divan elle souriait d’aise
À mon amour profond et doux comme la mer,
Qui vers elle montait comme vers sa falaise.

Les yeux fixés sur moi, comme un tigre dompté,
D’un air vague et rêveur elle essayait des poses,
Et la candeur unie à la lubricité
Donnait un charme neuf à ses métamorphoses;

Et son bras et sa jambe, et sa cuisse et ses reins,
Polis comme de l’huile, onduleux comme un cygne,
Passaient devant mes yeux clairvoyants et sereins;
Et son ventre et ses seins, ces grappes de ma vigne,

S’avançaient, plus câlins que les Anges du mal,
Pour troubler le repos où mon âme était mise,
Et pour la déranger du roche de cristal
Où, calme et solitaire, elle s’était assise.

Je croyait voir unis pour un noveau dessin
Les hanches de l’Antiope au buste d’un imberbe,
Tant sa taille faisait ressortir son bassin.
Sur ce teint fauve et brun le fard était superbe!

- Et la lampe s’étant résignée à mourir,
Comme le foyer seul illuminait la chambre,
Chaque fois qu’il poussait un flamboyant soupir,
Il inondait de sang cette peau couleur d’ambre!

Charles Baudelaire, Les fleurs du mal, 1837.


XX. LAS ALHAJAS

La querida, desnuda, conociendo mi amor,
No conservaba encima sino alhajas sonoras,
Cuyo adorno le daba el aire vencedor
Que en sus días felices tienen las siervas moras.

Cuando arroja al bailar su ruido alegremente,
Ese mundo radiante de metales bruñidos,
Me deja embelesado, pues amo locamente
Aquello en que se mezcla la luz con el sonido.

Ella estaba acostada y se dejaba amar,
Y subida al diván veía sin enfado
A mi amor hondo y dulce, igual como la mar,
Que hacía ella crecía como a un acantilado.

Fijos en mí sus ojos, como un tigre domado,
Indecisa y calmosa, posturas ensayaba,
Y la lubricidad, a su candor sumado,
A sus transformaciones un nuevo encanto daba.

Y sus brazos y piernas, sus muslos y caderas,
Pulidos como aceite, cual cisnes ondulados,
Muy claro se rendían a mi vista severa;
Y su vientre y sus senos, racimos afrutados,

Venían, más mimosos que Ángeles del mal,
A turbar el reposo donde mi alma se hallaba,
Y para desprenderla del claro roquedal
Donde tranquila y sola, anclada se encontraba.

En un nuevo dibujo unidos ver creía
Las caderas de Antíope al pecho de una nena,
Sobresalir su pelvis tanto su talle hacía.
!Soberbia era su herida, sobre su tez morena!

-Y estando la bujía a punto de morir,
Como sólo el hogar la pieza iluminaba,
Cada vez que un suspiro, flameante hacia surgir,
!La piel color de ámbar de sangre se inundaba!

Charles Baudelaire
(Versión de Pedro Casas Serra)

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