XX. LES BIJOUX
La
très-chère était nue, et, connaissant mon coeur,
Elle
n’avait gardé que ses bijoux sonores,
Dont
le riche attirail lui donnait l’air vainqueur
Qu’ont
dans leurs jours heureux les esclaves des Mores.
Quand
il jette en dansant son bruit vif et moqueur,
Ce
monde rayonnant de métal et de pierre
Me
ravit en extase, et j’aime à la fureur
Les
choses où le son se mêle à la lumière.
Elle
était donc couchée et se laissait aimer,
Et
du haut du divan elle souriait d’aise
À
mon amour profond et doux comme la mer,
Qui
vers elle montait comme vers sa falaise.
Les
yeux fixés sur moi, comme un tigre dompté,
D’un
air vague et rêveur elle essayait des poses,
Et
la candeur unie à la lubricité
Donnait
un charme neuf à ses métamorphoses;
Et
son bras et sa jambe, et sa cuisse et ses reins,
Polis
comme de l’huile, onduleux comme un cygne,
Passaient
devant mes yeux clairvoyants et sereins;
Et
son ventre et ses seins, ces grappes de ma vigne,
S’avançaient,
plus câlins que les Anges du mal,
Pour
troubler le repos où mon âme était mise,
Et
pour la déranger du roche de cristal
Où,
calme et solitaire, elle s’était assise.
Je
croyait voir unis pour un noveau dessin
Les
hanches de l’Antiope au buste d’un imberbe,
Tant
sa taille faisait ressortir son bassin.
Sur
ce teint fauve et brun le fard était superbe!
- Et
la lampe s’étant résignée à mourir,
Comme
le foyer seul illuminait la chambre,
Chaque
fois qu’il poussait un flamboyant soupir,
Il
inondait de sang cette peau couleur d’ambre!
Charles Baudelaire, Les fleurs du mal, 1837.
XX.
LAS ALHAJAS
La
querida, desnuda, conociendo mi amor,
No
conservaba encima sino alhajas sonoras,
Cuyo
adorno le daba el aire vencedor
Que
en sus días felices tienen las siervas moras.
Cuando
arroja al bailar su ruido alegremente,
Ese
mundo radiante de metales bruñidos,
Me
deja embelesado, pues amo locamente
Aquello
en que se mezcla la luz con el sonido.
Ella
estaba acostada y se dejaba amar,
Y
subida al diván veía sin enfado
A mi
amor hondo y dulce, igual como la mar,
Que
hacía ella crecía como a un acantilado.
Fijos
en mí sus ojos, como un tigre domado,
Indecisa
y calmosa, posturas ensayaba,
Y la
lubricidad, a su candor sumado,
A
sus transformaciones un nuevo encanto daba.
Y
sus brazos y piernas, sus muslos y caderas,
Pulidos
como aceite, cual cisnes ondulados,
Muy
claro se rendían a mi vista severa;
Y su
vientre y sus senos, racimos afrutados,
Venían,
más mimosos que Ángeles del mal,
A
turbar el reposo donde mi alma se hallaba,
Y
para desprenderla del claro roquedal
Donde
tranquila y sola, anclada se encontraba.
En
un nuevo dibujo unidos ver creía
Las
caderas de Antíope al pecho de una nena,
Sobresalir
su pelvis tanto su talle hacía.
!Soberbia
era su herida, sobre su tez morena!
-Y
estando la bujía a punto de morir,
Como
sólo el hogar la pieza iluminaba,
Cada
vez que un suspiro, flameante hacia surgir,
!La
piel color de ámbar de sangre se inundaba!
Charles Baudelaire
(Versión de Pedro Casas Serra)
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