lunes, 27 de julio de 2015

“Les fleurs du mal”, Je t'adore à l'égal de la voûte nocturne..., de Charles Baudelaire

XXII.

Je t'adore à l'égal de la voûte nocturne,
Ô vase de tristesse, ô grande taciturne,
Et t'aime d'autant plus, belle, que tu me fuis,
Et que tu me parais, ornement de mes nuits,
Plus ironiquement accumuler les lieues
Qui séparent mes bras des immensités bleues.

Je m'avance à l'attaque, et je grimpe aux assauts,
Comme après un cadavre un choeur de vermisseaux,
Et je chéris, ô bête implacable et cruelle!
Jusqu'à cette froideur par où tu m'es plus belle!

Charles Baudelaire, Les fleurs du mal, 1837.


XXII.

Yo te adoro al igual que a la nocturna bóveda,
Oh jarrón de tristeza, oh enorme taciturna,
Y tanto más te amo, bella, cuanto más me huyes,
Y me pareces tú, ornato de mis noches,
Más ironicamente aumentar la distancia
Que separa mis brazos de azules infinitos.

Me adelanto al ataque, y te escalo al asalto,
Como con un cadáver un coro de lombrices,
¡Y yo te quiero, oh fiera implacable y cruel!
¡Hasta esa frialdad que te hace más bella!

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