XXII.
Je
t'adore à l'égal de la voûte nocturne,
Ô
vase de tristesse, ô grande taciturne,
Et
t'aime d'autant plus, belle, que tu me fuis,
Et
que tu me parais, ornement de mes nuits,
Plus
ironiquement accumuler les lieues
Qui
séparent mes bras des immensités bleues.
Je
m'avance à l'attaque, et je grimpe aux assauts,
Comme
après un cadavre un choeur de vermisseaux,
Et
je chéris, ô bête implacable et cruelle!
Jusqu'à
cette froideur par où tu m'es plus belle!
Charles Baudelaire, Les fleurs du mal, 1837.
XXII.
Yo te adoro al igual
que a la nocturna bóveda,
Oh jarrón de tristeza,
oh enorme taciturna,
Y tanto más te amo,
bella, cuanto más me huyes,
Y me pareces tú,
ornato de mis noches,
Más ironicamente
aumentar la distancia
Que separa mis brazos
de azules infinitos.
Me adelanto al ataque,
y te escalo al asalto,
Como con un cadáver un
coro de lombrices,
¡Y yo te quiero, oh
fiera implacable y cruel!
¡Hasta esa frialdad
que te hace más bella!
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