domingo, 19 de julio de 2015

“Les fleurs du mal”, LA VIE ANTÉRIEURE, de Charles Baudelaire

XII. LA VIE ANTÉRIEURE

J'ai longtemps habité sous de vastes portiques
Que les soleils marins teignaient de mille feux,
Et que leurs grands piliers, droits et majestueux,
Rendaient pareils, le soir, aux grottes basaltiques.

Les houles, en roulant les images des cieux,
Mêlaient d'une façon solennelle et mystique
Les tout-puissants accords de leur riche musique
Aux couleurs du couchant reflété par mes yeux.

C'est là que j'ai vécu dans les voluptés calmes,
Au milieu de l'azur, des vagues, des splendeurs
Et des esclaves nus, tout imprégnés d'odeurs,

Qui me rafraîchissaient le front avec des palmes,
Et dont l'unique soin était d'approfondir
Le secret douloureux qui me faisait languir.

Charles Baudelaire, Les fleurs du mal, 1937.


XII. LA VIDA ANTERIOR

Mucho tiempo he vivido bajo ciclópeos pórticos
Que los soles marinos teñían de mil fuegos,
Cuyos grandes pilares, majestuosos y rectos,
Por la tarde, evocaban cavidades basálticas.

Oleajes, volteando imágenes celestes,
Mezclaban de algún modo entre solemne y místico
Los potentes acordes de su abundante música
Al color del ocaso reflejado en mis ojos.

Ahí es donde he vivido en tranquilo erotismo,
En medio del azul, de olas, de esplendores
Y de esclavos desnudos, impregnados de olores.

Quienes me refrescaban la frente con abanos,
Y cuyo único esmero era profundizar
El dolor que en secreto me hacia languidecer.

Charles Baudelaire
(Versión de Pedro Casas Serra)

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