XII.
LA VIE ANTÉRIEURE
J'ai
longtemps habité sous de vastes portiques
Que
les soleils marins teignaient de mille feux,
Et
que leurs grands piliers, droits et majestueux,
Rendaient
pareils, le soir, aux grottes basaltiques.
Les
houles, en roulant les images des cieux,
Mêlaient
d'une façon solennelle et mystique
Les
tout-puissants accords de leur riche musique
Aux
couleurs du couchant reflété par mes yeux.
C'est
là que j'ai vécu dans les voluptés calmes,
Au
milieu de l'azur, des vagues, des splendeurs
Et
des esclaves nus, tout imprégnés d'odeurs,
Qui
me rafraîchissaient le front avec des palmes,
Et
dont l'unique soin était d'approfondir
Le
secret douloureux qui me faisait languir.
Charles Baudelaire, Les fleurs du mal, 1937.
XII.
LA VIDA ANTERIOR
Mucho
tiempo he vivido bajo ciclópeos pórticos
Que
los soles marinos teñían de mil fuegos,
Cuyos
grandes pilares, majestuosos y rectos,
Por
la tarde, evocaban cavidades basálticas.
Oleajes,
volteando imágenes celestes,
Mezclaban
de algún modo entre solemne y místico
Los
potentes acordes de su abundante música
Al
color del ocaso reflejado en mis ojos.
Ahí
es donde he vivido en tranquilo erotismo,
En
medio del azul, de olas, de esplendores
Y
de esclavos desnudos, impregnados de olores.
Quienes
me refrescaban la frente con abanos,
Y
cuyo único esmero era profundizar
El
dolor que en secreto me hacia languidecer.
Charles Baudelaire
(Versión de Pedro Casas Serra)
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